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Pourquoi les Asperger sont-ils tout le temps fatigués ?

  • Writer: autiste Tout simplement
    autiste Tout simplement
  • Jan 30, 2020
  • 8 min read



blog Aspie-land Lien de l'article : https://www.philosophine.fr/asperger-fatigue Image : Sarah Andersen

Aujourd'hui, nous allons aborder le thème de la fatigue chez l'Asperger. Je me suis souvent demandée pourquoi une banale conversation de quelques minutes, faire une course ou me retrouver dans un endroit bruyant pouvait m’épuiser bien plus qu’une journée de randonnée dans les hautes Alpes ou qu’un travail acharné sur un sujet qui me passionne.

Puisque la physiologie humaine est l'un de mes domaines de prédilection, j’ai longtemps cru que mon faible système nerveux et mes glandes surrénales épuisées étaient l’unique cause de cette fatigue. Ainsi, il me suffirait de retrouver une bonne vitalité pour régler le problème. Ça, c’est avant que je ne découvre les particularités de mon cerveau. Un gestion différente de l'information L’autisme étant un trouble neurologique, les personnes autistes sont dotées d’un cerveau qui traite l’information d’une manière différente de celui des personnes non-autistes.

Extrait du livre L’autisme expliqué aux non-autistes : "On pourrait comparer le cerveau à une boite de transmission. Si les neurotypiques sont équipés d’une boîte de vitesses automatique qui fait toutes sortes de tâches en arrière-plan et de manière fluide, les autistes doivent manœuvrer une boîte de vitesse manuelle. En fait, ils doivent traiter chaque bribe d’information de manière consciente, à l’aide d’une gymnastique cognitive, ce qui explique entre autres les longs délais de traitement de l’information. Chez l'autiste, tout entre par les yeux, que ce soit le toucher, l’image ou le son. Les informations qui entrent sont traitées une à la fois par un cerveau qui ne traite que ce qu’il reconnait avoir déjà vu et auquel il a pu associer un schéma de réaction. On comprendra que gérer un cerveau « manuel » est un effort de tous les instants : plusieurs autistes s’épuisent rapidement et certains vont supporter des maux de tête importants des journées entières."

La personne autiste doit gérer l’information manuellement mais en plus, le mode d’emploi de son mystérieux cerveau ne lui a pas été livré à la naissance. Elle va devoir acquérir un certains nombres de codes en tâtonnant, au fil de ses expériences, de son observation ou en apprenant de ses nombreux échecs, malheureusement. Chaque situation sociale est un défi. Plus une personne autiste passe inaperçue dans les relations sociales, plus elle compense à l’aide d’une gymnastique cognitive intense et épuisante. Cet ouvrage a été rédigé en collaboration avec une personne autiste. Ce qui apporte une approche différente et plus complète de certaines particularités de l'autisme.

Les situations qui m'épuisent

Toute interaction quelle qu'elle soit La communication entre individus pour une personne autiste ne se fait jamais de manière naturelle. C’est une gymnastique intellectuelle constante et intense. Lors d’un échange, outre les mots, il y a des quantités d’informations de l’ordre du non-verbal à décrypter. En plus de devoir ajuster manuellement son propre non-verbal de manière à ce qu’il soit cohérent avec les paroles énoncées. Pour des personnes non-autistes, ces questions ne se posent pas, puisque pour elles, cette fonction est automatique. Les endroits bruyants, chargés en stimuli ou en informations Pour une personne autiste, toutes les informations sont perçues avec la même intensité : bruits, odeurs, stimuli visuels, sensations corporelles… Son cerveau ne fait pas le tri entre les informations. Par exemple, dans un endroit bruyant, je vais avoir du mal à hiérarchiser les sons. Ils arrivent tous à mon oreille avec la même intensité. Il m'est alors très difficile de distinguer les mots de mon interlocuteur. Cela va me demander un effort constant et intense. Tandis qu'une personne non-autiste filtrera de manière automatique. C’est-à-dire que son cerveau fera passer les bruits de fond au second plan pour se concentrer sur la voix de son interlocuteur. Même si en cas de fatigue, elle peut moins bien filtrer. Les imprévus Chaque changement quel qu’il soit est source d’anxiété pour une personne autiste. Le cerveau doit consciemment et manuellement décrypter ces nouvelles informations. Quand le changement est prévisible, j’ai le temps de m’y préparer. J'ai le temps de faire la gymnastique mentale nécessaire pour accueillir ces nouvelles informations le plus sereinement possible. Mais quand un imprévu se glisse, il n’y a pas de temps de préparation. Dans ce cas, si je suis en forme, je vais gérer au prix d’un effort intense. Et je devrai prendre un petit temps de récupération (quelques heures). En revanche, si je suis fatiguée, je ne vais rien gérer du tout. Cela va me demander beaucoup plus de temps pour récupérer (une journée ou plus). Les situations qui me ressourcent Le calme, la solitude ou la présence de quelques personnes proches et familières Alors que les personnes neurotypiques se ressourcent en compagnie d’autrui, la personne autiste se ressource dans la solitude. Particulièrement, à l’abri des stimuli, des interactions sociales et de toutes informations qu’elle ne peut pas contrôler. Avoir un cocon douillet dans lequel se réfugier est essentiel pour une personne autiste. Passer des journées chez moi en tenue confortable, avec le minimum de stimuli et d’interaction sociale me permet de me ressourcer agréablement.  La randonnée et le contact avec la nature La nature offre une panoplie de sensations exaltantes. Comme nous l’avons vu, l’autiste captent toutes les informations qui arrivent à son cerveau avec une forte intensité. Par conséquent, pour moi qui aime la nature, mes ressentis vont être décuplés et vont apporter énormément de bien-être. Et comme je suis infatigable quand il s’agit de marcher, je me ressource à travers les randonnées. M'adonner à mes intérêts Une personne autiste a une très grande capacité de concentration lorsqu’elle s’adonne à une activité qu’elle aime. Elle peut y consacrer des heures sans sensation de fatigue, faisant abstraction de tout le reste. Ce sont pour elle des activités ressourçantes. Quand je m’adonne à une activité qui me passionne, telle que la lecture d’un sujet qui m’intéresse ou des arts créatifs, plus rien d’autre n’existe. Je ne vois pas le temps passer. Au point d’en oublier de manger, de dormir ou même d’aller aux toilettes ! Ce qui peut altérer une bonne hygiène de vie si on ne sait pas s’arrêter à temps ! Mais ça c’est une autre histoire… Dormir Si j’ai toujours eu des difficultés d’endormissement, j’ai, heureusement, un excellent sommeil, profond et réparateur. De bonnes nuits de sommeil me permettent de recharger mes batteries. Les couvertures lestées offrent un confort sensoriel favorisant l'endormissement et un meilleur sommeil chez les personnes autistes en quête de stimulation sensorielle. Le couverture lestée remplace en quelque sorte le bon vieux édredons en plumes de nos grands-parents.

Comment remédier à la fatigue chez l'Asperger

- L'importance d'une bonne hygiène de vie Une personne autiste aura tout intérêt à avoir une bonne hygiène de vie : une alimentation physiologique et adaptée à ses besoins, un sommeil réparateur, prendre soin de ses systèmes nerveux et glandulaire qui sont fortement sollicités. Quand j’arrive à intégrer une alimentation physiologique et une hygiène de vie saine à mes routines journalières, je gère mieux mon quotidien, les stimuli, les imprévus, les relations sociales. Je ne suis pas en train de dire que l’alimentation physiologique guérit de l’autisme. D'ailleurs, l’autisme n’est pas une maladie, c’est un fonctionnement cérébral différent. L’alimentation ne change en rien mon fonctionnement autistique. Par contre, elle agit sur les conséquences telle que la fatigabilité, en me fournissant davantage de carburant pour faire face à mes difficultés. Les temps de récupération sont toujours nécessaires après ma séance de gymnastique cognitive intense mais écourtés. Nous verrons dans un  autre article comment l’alimentation peut aider une personne autiste. - Connaître son fonctionnement Avant de connaitre le syndrome d’Asperger, je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas cumuler plusieurs situations sociales sans m’effondrer à la fin de la journée. À ce sujet d'ailleurs, je vous recommande mon article sur les effondrement autistiques, appelés aussi Shutdown & Meltdown. Je ne comprenais pas pourquoi j’accomplissais dans ma journée le 10ième de ce que fait une personne « normale ». Alors que je ne travaille pas ! Je persistais à tenter de m’aligner sur le rythme d’une personne « normale », en m’imposant un emploi du temps. Ou en travaillant sur moi-même à l’aide de développement personnel et de méthodes faites pour les personnes neurotypiques. Mais ça ne fonctionnait pas et je ne comprenais pas pourquoi. Découvrir mes particularités me permet de comprendre petit à petit qui je suis, de connaitre mes points forts, mes faiblesses, de respecter mes limites. Et surtout de dé-cul-pa-bi-li-ser ! Même si, j’ai encore beaucoup de travail à faire sur ce dernier point. - Anticiper et faire des choix Une fois qu’on connaît ses limites, on apprend à anticiper et à faire des choix : planifier sa journée, doser les sorties et les interactions sociales, programmer des moments de pause voire des journées entières, refuser une invitation, annuler un rendez-vous… Si par exemple, je sais que je vais avoir des interactions sociales dans la journée, telles qu’aller chez le dentiste, faire des courses, je sais que je ne dois rien prévoir de fatiguant pour le reste de ma journée. Et il est possible que je doive rester au calme toute la journée du lendemain également.  Cette façon de vivre peut me faire passer pour une personne qui se complet dans son petit confort (alors que ma vie est loin d’être confortable), une petite nature, une personne dépressive, qui manque de volonté, d’aller de l’avant ou encore timide et même parfois égoïste ! C’est le problème de handicap invisible. Personne ne s’imagine tous les efforts que je dois faire au quotidien pour m’adapter à un monde.  - Les avantages d'une gestion manuelle Parce que toute chose génère du positif et du négatif, avoir un cerveau qui travaille manuellement et sans mode d’emploi peut aussi avoir des avantages. Voici ceux qui me concernent :  Un sens de l’observation aiguisé. On me fait souvent remarquer mon sens aigu de l’observation et ma mémoire pour les détails ou les souvenirs. Le fait de devoir gérer l’information manuellement, bribe par bribe, fait que je prête naturellement beaucoup plus attention aux détails. En général, je suis très douée pour repérer ce que d’autres ne voient pas. Je pense que c’est l’un des atouts des personnes Asperger. Je vais également prêter particulièrement attention à ce qu’on me dit. Si une personne se confie à moi, elle peut être sûre d’être écoutée. Il arrive souvent que des amis qui se sont confiés à moi s’étonnent quand je leur rappelle des années après des propos, des événements, des détails qu’ils m’avaient un jour racontés. Ils sont heureux de voir que quelqu’un les a réellement écoutés. Cela peut-être un point fort en amitié. Être plus enclin à la réflexion. Un autre point fort d’un cerveau manuel, c’est qu’on est naturellement entraîne à réfléchir, à se poser des questions. Car si on veut comprendre une situation qui nous échappe ou une interaction sociale, on a pas d’autres choix que d’essayer de la saisir par un raisonnement cognitif. Le monde qui nous entoure ne n’est pas familier et on a un grand besoin de le comprendre.  Lire des ouvrages écrits par des personnes autistes, même s'ils ont un profil différent de soi, permet de prendre conscience de la richesse et de la diversité que chaque individu a à offrir à ce monde.

Pour conclure sur la fatigue chez l'Asperger, je dirais une personne autiste n’a pas moins de vitalité qu’une personne non-autiste. Cependant, son fonctionnement cérébral atypique l’amène à dépenser plus d’énergie au quotidien qu’une personne non-autiste, dans un monde créé par et pour les neurotypiques. De ce fait, elle va se fatiguer beaucoup plus vite si elle ne connait pas et ne respecte pas son fonctionnement. J’espère que cet article aidera les personnes autistes à mieux se connaitre ou à se reconnaître et les personnes non-autistes à comprendre ce que vit une personne autiste. L’intérêt des ces articles n’est pas de démontrer si un fonctionnement est supérieur à l’autre mais de créer un pont entre les personnes autistes et les personnes non-autistes afin que toutes puissent mieux se comprendre et  interagir ensemble.📷




 
 
 

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