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Je ne me désolidariserais pas des mauvais autistes trolldejardin

  • Writer: autiste Tout simplement
    autiste Tout simplement
  • Jan 21, 2020
  • 6 min read

Je ne me désolidariserais pas des mauvais autistes

Avertissement : La première partie de l’article évoque les stéréotypes simplistes sur les bons et les mauvais autistes. Je ne dis pas que les choses sont si simples et tranchées dans la vraie vie, c’est un stéréotype. Par ailleurs si vous correspondez personnellement à ces stéréotypes ce n’est pas une critique contre vous. Ce sont des discours politiques (de médecins, d’associations…) que je critique ici et non la façon de vivre de telle ou telle personne autiste. Avec une bonne dose de sarcasme, vous me connaissez.

Il y a les bons autistes. Ils cherchent à améliorer leurs « habiletés sociales ». Ils se sentent coupables et s’excusent quand une personne neurotypique est froissée ou dérangée par leurs comportements autistes. En effet l’autisme « n’est pas une excuse pour se comporter comme des connards ».

Ils s’efforcent d’être compréhensifs envers les NT, acceptent l’humour validiste car « c’est de l’humour ».

Les bons autistes, leur objectif dans la vie c’est de s’adapter suffisamment pour pouvoir suivre une scolarité et des études normales, être des « membres productifs » de la société au lieu de « coûter ». Leur objectif est aussi d’avoir des amis NT, de sortir ou se marier avec des NT, de s’intégrer.

Même si ils n’y arrivent pas, les bons autistes s’obstinent inlassablement à faire tous ces efforts. Sans se plaindre.

Les bons autistes acceptent que des parents et proches (NT) d’enfants autistes, des profs et médecins NT, s’expriment au nom de la cause autiste et affichent leur « soutien » (quel que soit le discours derrière…). Les bons autistes remercient les entreprises, gouvernements et institutions (comme la police) à chaque geste favorable (fut-il mineur ou factice).

Les bons autistes reprennent avec peu de distance (ou avec aucune distance) les discours et le vocabulaire médicaux.

Les bons autistes sont des gens bien, quoi : modérés, gentils, tolérants, patients, polis…

Les bons autistes, si ils ont des enfants autistes, leur transmettent ça.

Et puis il y a les autres. Les mauvais autistes. Qui font tâche.

Les mauvais autistes sont violents, égoïstes, égocentriques, arrogants, hautains. Ils ne veulent pas se mélanger. Ils n’ont ni tact ni respect. 

Et c’est à cause des mauvais autistes, si l’autisme a une mauvaise image et que la psychophobie existe.

Il faut donc être de bons autistes (comme ces enfants mignons qu’on nous montre).

Bon allez, COUPEZ. Cette dichotomie bon/mauvais autiste, c’est de la merde psychophobe.

En vrai, les mauvais autistes sont ceux qui ne rapportent rien au capitalisme et aux NT, qui les dérangent et (surtout) qui ne se soumettent pas. C’est aussi simple que ça.

Passons en revue les différentes catégories de mauvais autistes. J’en oublierais probablement, je ne prétends pas être complet.

1 ) La délinquance de survie (vols, etc)

Qui cela concerne ? Des autistes SDF. Des autistes exclus du marché de l’emploi après un chômage de longue durée ou des études / une scolarité ratée. Des autistes exclus des allocations sous des prétextes fallacieux. Des autistes qui ne peuvent pas occuper un emploi du tout. Des autistes qui pourraient en théorie occuper un emploi mais sous plein de conditions (intérêt spécifique, poste adapté…). Des autistes qui pourraient occuper un emploi et sont discriminés quand même. Des autistes qui pourraient se faire embaucher et occuper un emploi… et finiraient en burn-out, dépression ou pire.

Certaines de ces personnes volent ou commettent d’autres délits pour s’en sortir, manger, avoir un toit… C’est logique. C’est de la survie.

2 ) La prostitution

Il y a des autistes qui deviennent TDS (travail du sexe), souvent pour des raisons similaires : survie, monde de l’emploi inadapté…

Quelles que soient leurs raisons on doit les respecter et les soutenir.

3 ) La violence de retour

C’est peut-être pas légal ni gentil. Mais je pense que les personnes autistes qui, par exemple, frappent leurs harceleurs et agresseurs, ont raison. Et ne devraient pas avoir à s’en excuser.

De même, répondre à des gestes et propos psychophobes par des insultes (au lieu de prendre sur soi, de se forcer à la pédagogie et à la patience… pour des gens qui ne le méritent pas) est légitime.

C’est triste mais une partie des neurotypiques n’arrête de nous emmerder que si on est suffisamment violents. Là, ils s’écrasent…

(Ce n’est PAS un jugement sur les autistes qui réagissent autrement à la violence psychophobe. Par ailleurs la réponse violente peut être risquée et tout le monde ne peut se permettre.)

4 ) La désobéissance

Désobéissance aux parents et adultes, au patron, au prof…

Plusieurs raisons de désobéir à une demande

=> On nous demande d’accomplir des tâches sans tenir compte de nos atypies et des difficultés spécifiques (cuillères, hypersensibilité sensorielle et émotionnelle, implicites, langage symbolique, langage corporel, concentration, besoin de comprendre ce qu’on fait, contrôle de ses émotions et comportements, etc).

=> On nous demande d’aller contre nos valeurs

=> La personne n’arrive pas à contrôler ses émotions ou ses comportements, ou à comprendre les consignes (par exemple implicites)

5 ) Les autistes qui sèchent les cours

Parce que leurs parents les obligent à suivre un enseignement inadapté. Dans une école inadaptée. Avec des profs et camarades NT.

Et que le but est de les rendre normaux pour qu’ensuite ils aient un emploi normal qui sera tout aussi inadapté et toxique.

Pourquoi ne sècheraient-ils pas les cours ?

6 ) Les autistes qui ne font rien à l’école

Idem.

7 ) Les autistes qui « décident de ne pas bosser » (chercher un emploi, s’adapter…)

Mais de se prostituer, de vivre de délinquance ou d’allocations (au passage tout ça demande beaucoup d’efforts aussi : la délinquance est une vie complexe et risqué, les allocs c’est le parcours du combattant…), ou de l’aide de leur famille.

Encore une fois c’est probablement parce que l’emploi serait impossible, ou possible mais toxique pour leur santé. 

8 ) Les autistes qui ne suivent pas les codes sociaux des NT-valides

Qui ne se forcent pas à regarder dans les yeux. Qui ne se forcent pas à participer au small talk ou à l’écouter. Qui préfèrent Internet et leur téléphone (ou livre) au fait d’écouter les NT parler. Qui ne se forcent pas à sourire ou avoir l’air triste quand il faut. Qui ne se forcent pas à parler, dire bonjour ou « salut ça va – oui et toi », faire la bise ou serrer la main. Qui ne se lèvent pas dans le métro. Qui disent ce qu’elles veulent ou pensent.

9 ) Les autistes qui défendent et imposent leurs besoins spécifiques et dérangent le confort NT

C’est ce que je fais en ne me levant pas dans le métro. Je préfère conserver mes cuillères déjà insuffisantes et éviter d’être debout collé aux gens (hypersensibilité sensorielle). Même si ça réduit le confort des valides.

(Je sais j’utilise toujours cet exemple mais il est clair et simple).

10 ) Les autistes militants chiants et donneurs de leçon

Ça, c’est moi. Un ami a d’ailleurs résumé ainsi le propos de mon blog.

Il y a des gens cons, des gens méchants et des gens qui ont tort.

De temps en temps on me traite de SJW (Social Justice Warrior). Je suis une caricature de SJW, j’admets.

11 ) Les autistes communautaristes

Qui préfèrent fréquenter d’autres autistes ou personnes atypiques, qui se font des espaces non-mixtes…

(Et non, si vous êtes neurotypiques, avoir des proches et enfants autistes ne fait pas de vous une personne concernée qui peut venir dans nos espaces non-mixtes. Désolé pas désolé.)

11 ) Les autistes séparatistes

A savoir, les autistes qui travaillent à construire des sociétés ou communautés autonomes pour personnes autistes ou atypiques. Et les autistes qui soutiennent ces projets. 

Dans le discours médical, c’est toujours soit les bons autistes qui sont mis en avant (pour montrer que les autistes peuvent et doivent s’adapter, travailler normalement ; pour minimiser la psychophobie ; pour faire semblant de valoriser les autistes). Soit les mauvais autistes qui sont mis en avant (pour rappeler que l’autisme est un trouble qu’il faut atténuer ou soigner ; pour faire passer les autistes pour égoïstes, froids, insensibles…). C’est rarement montré de manière diverse et nuancée.

Quand le discours médical prend en exemple des autistes qui « progressent » ou « s’améliorent », ça veut en général dire : mauvais autiste qui devient bon autiste. Ou autiste qui imite mieux les NT.

Les associations de parents mettent presque toujours en avant la figure du bon autiste (sauf pour se plaindre d’avoir des enfants difficiles…).

La « tendance modérée » dans les milieux autistes, enfin, met complètement en avant la figure du bon autiste (comme si tous les autistes l’étaient ou devaient l’être). C’est de la politique de respectabilité pure et simple.

Au lieu de reprendre cette logique qui oppose bons et mauvais autistes, il serait pourtant plus pertinent (dans nos militantismes) d’inclure et de soutenir les mauvais autistes. En effet si ces personnes dérangent autant, c’est qu’elles menacent le status quo de la psychophobie. Et ce n’est pas en étant de bons autistes (et en cachant les mauvais) qu’on fera avancer les choses.

Ensuite, au niveau individuel, encourager les adultes autistes qui découvrent leur diagnostic, ou nos enfants autistes, à être de bons autistes, ce n’est pas forcément un service à leur rendre, c’est à double tranchant. Ça a un prix.

Beaucoup de bons autistes finissent malheureux, en mauvaise santé mentale et physique. Notamment en voulant éviter de recourir aux aides et allocations (parce que « mieux vaut être une personne productive qu’un poids »), en voulant éviter les emplois spécialement adaptés (pour ne pas admettre une situation de handicap) ou en portant un masque social.

Bref. Ne nous désolidarisons pas des mauvais autistes.





 
 
 

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