Acteur ou spectateur ?

L‘école maternelle  laisse, pour beaucoup d'entre nous,  des souvenirs cauchemardesques.

La plupart du temps, dans la cour de récréation,  les enfants hurlent, rient, courent, grimpent et l’enfant Autiste est à part, immobile, il observe.

Enfant, je  regardais les autres  vivre comme on regarde un film, en mode accéléré. J’étais au ralenti voir le plus souvent immobile. Je restais, là, assise dans un coin de la cour à les observer. Je me souviens de traits de lumière, de déplacements rapides, de cris sonores et  raisonnants,  de grandes bouches ouvertes laissant voir les dents, de moqueries. L’image qui me revient souvent est celle du filet d’escalade.. Là je les voyais parfois têtes en bas ou monter si haut que j’en avais le vertige. Les enfants  étaient tous effrayants, des surexcités. J’étais la plupart du temps en état de sidération.   Un jour, une amie de ma sœur avait décapité une poupée. j’avais simplement peur. Je revois encore cette image.

Je gardais mes émotions, je gardais mes réflexions. Je ne réagissais pas. Je ne racontais pas. Je ne parlais pas, non pas que je ne voulais pas parler mais simplement j’intériorisais  tout. Je n'avais pas ce réflexe de dire à l'autre.

Durant mon enfance, j’ai été spectateur mais pas acteur. En fait, je ne comprenais pas, je ne comprenais rien.