*A présent, j'ai peur*

A présent, j'ai peur que le confinement se termine.

A présent, j ai peur de l'après, j ai peur de demain.

À présent, j'ai trouvé mon rythme de vie, j'ai de nouveaux rituels, une nouvelle organisation, loin d'être parfaite d'ailleurs mais aucune ne l'a jamais été.

A présent, j'ai une vie ralentis avec très peu d'interactions sociale. Le silence a envahi mon chez moi, mes journées et mes nuits. J'ai retrouvée des sensations oubliées notamment celles de mon enfance . En effet, lorsque j’étais une petite fille, j’étais très solitaire et très envahi par mes occupations notamment par des collections diverses, par l’élevage (escargots, sauterelles, phasmes, vers à soi). Je lisais beaucoup souvent 48heures presque sans m'arrêter. Mais j’étais aussi envahie par des pensées comme par exemple, protéger la nature. Des heures durant, des années durant, je grattais l’intérieur des feuilles d'Olivier de ma cour de récréation avec un petit bâton. Au milieu des fourmis, selon moi je prenais soin de Dame Nature.

Alors à présent, j'ai peur de perdre à nouveau mes souvenirs, peur de ne plus avoir l'esprit assez libre pour y avoir accès, la crainte de ne ressentir ce bien être intérieur où plus rien n'a de l’importance. C’est peut être cela ‘ être en phase avec soi même, avoir du temps pour soi, avoir du temps pour écouter le silence, avoir le temps de se souvenir.

A présent, j'ai peur que la vie reparte à une vitesse folle, bien trop folle pour moi qui ai besoin de lenteur, de calme, de silence, de répétitions et de penser.

A présent, j’ai peur d'être contrainte à avoir, à nouveau, des interactions sociales, des rendez vous, d'entendre ce maudit téléphone et même d'avoir à nouveau la crainte que quelqu'un vienne à ma porte. Cette éternelle crainte d'entendre une quelconque sonnerie.

A présent, je sais que chaque fois que j'ouvrirai ma boite aux lettres, mon cœur sera dans mes chaussettes, tellement peur des factures à venir, de ne pas arriver à équilibrer mon budget .

A présent, chaque bruit est amplifié, chaque journée est une routine sans plus aucun inattendu.

Tous mes sens, tous mes troubles sensoriels sont exacerbés. Alors, oui, j'ai peur d’avoir encore plus de difficultés à subir et à compenser.

Pourtant, j'ai hâte de voir à nouveau les reflets du soleil dans la mer. J’ai hâte de revoir mes montagnes, d'apercevoir les premiers crocus dans mes montagnes adorées. Je découvre, aujourd'hui, la beauté du verbe vagabonder. Je le conjugue au futur, j’espère bientôt le vivre au présent.

Mais j'ai pourtant peur, peur de demain quand tout redeviendra normal pour certains et tellement anormal et compliqué pour moi.